Nico Greutmann : le pari audacieux d’un passage direct en MXGP en 2026
À 22 ans, le Suisse Nico Greutmann écrit une page inédite de sa carrière en sautant délibérément l’étape MX2 pour atterrir directement en MXGP dès 2026. Une décision rare, motivée par un gabarit taillé pour les 450cc et une ambition sans détour : suivre les traces de ses aînés helvètes, Jeremy Seewer, Valentin Guillod ou Arnaud Tonus, qui ont tous marqué l’élite du motocross mondial. Après trois saisons en Championnat d’Europe 250, le pilote rompt avec la tradition pour embrasser un défi à haut risque… mais potentiellement rémunérateur.
Pourquoi un saut direct en MXGP ? La logique du gabarit et de l’opportunité
Contrairement à la majorité des jeunes talents qui gravissent les échelons via le MX2, Greutmann a longtemps été handicapé par sa taille et son poids sur une 250cc. “Mon physique était un vrai frein en Europe 250”, confie-t-il sans détour. Avec 1,85 m et près de 80 kg, le Suisse correspond davantage au profil type d’un pilote de 450cc, où la puissance brute et la stabilité priment. Une aubaine pour Meuwissen Motorsports, la nouvelle structure qui l’accueille, et pour Honda, qui voit en lui un pari technique cohérent.
“C’est comme recommencer à zéro, mais avec l’expérience accumulée. La 450cc, c’est une autre philosophie : chaque détail de la moto, chaque sensation sur la piste changent. J’ai hâte de sentir cette puissance supplémentaire… et d’apprendre à la dompter.” — Nico Greutmann
Une saison 2026 en mode “rookie ambitieux”
Greutmann ne se voilera pas la face : son objectif premier est l’apprentissage, avec une 15ᵉ place au général comme horizon réaliste. Mais le Suisse, connu pour son mental combatif, vise déjà plus haut :
- Participation à tous les GP européens (soit 10 à 12 manches sur 20).
- Engagement parallèle en ADAC MX Masters (Allemagne) pour accumuler de l’expérience.
- Quelques apparitions en Championnat Suisse, selon son emploi du temps.
“Bien sûr, je veux me rapprocher des pilotes de tête”, précise-t-il. Un défi de taille dans un plateau MXGP ultra-compétitif, dominé par des monstres sacrés comme Tim Gajser, Jorge Prado ou Romain Febvre. Mais Greutmann mise sur deux atouts majeurs :
- Son adaptation à la Honda CR-F 450, une moto qu’il rêvait de piloter depuis longtemps (“J’avais envie de revenir sur une japonaise”).
- La stabilité offerte par Meuwissen Motorsports, dirigée par Raf Meuwissen (ex-pilote et team manager expérimenté), et épaulée par la MX Academy Honda.
“Je connais Raf depuis que je suis gamin. Savoir que ce qui est dit sera fait, ça me rassure. Et puis, changer d’environnement d’entraînement, c’est un boost mental.” — Nico Greutmann
Meuwissen Motorsports : un tremplin crédible ?
La structure néerlandaise, bien que moins médiatisée que les usines KTM ou Yamaha, a fait ses preuves en formant des talents comme Kay de Wolf (MX2) ou Dave Kooiker (EMX250). Pour Raf Meuwissen, le recrutement de Greutmann s’inscrit dans une logique de long terme :
“Nico est un pilote très talentueux. Nous allons travailler étape par étape pour voir ce qu’il peut accomplir sur la 450cc. L’important, c’est qu’il prenne du plaisir et progresse.” — Raf Meuwissen, Team Manager
Avec un budget serré mais ciblé et un soutien technique de Honda Suisse, l’équipe mise sur une approche pragmatique :
- Priorité à la fiabilité plutôt qu’aux réglages extrêmes.
- Un programme de tests intensif durant l’hiver 2025-2026 pour peaufiner le setup.
- Un staff 100% dédié, avec un mécanicien et un coach physique attitrés.
Les défis à relever : puissance, endurance et mental
Passer de l’Europe 250 au MXGP, c’est comme sauter d’une Clio Cup à la Formule 1 :
- La gestion de la puissance : la 450cc développe près de 60 chevaux, soit 20 de plus qu’une 250. “Il faut tout réapprendre : le freinage, les relances, la trajectoire”, explique Greutmann.
- L’endurance physique : les manches MXGP (30 min + 2 tours) sont well plus longues que celles de l’Europe 250 (20 min).
- La pression mentale : affronter des pilotes aguerris, souvent champions du monde, exige une résilience à toute épreuve.
Pour y faire face, le Suisse s’appuiera sur : ✅ Un programme de préparation physique renforcé (avec un focus sur le haut du corps et le cardio). ✅ Des stages en Espagne et en Italie pour s’habituer aux pistes techniques du mondial. ✅ Un suivi psychologique, rare mais de plus en plus courant chez les pilotes d’élite.
Et si ça marchait ? Le modèle Seewer en ligne de mire
Greutmann n’a pas choisi le MXGP par hasard : il veut rééditer le parcours de Jeremy Seewer, passé lui aussi directement des championnats nationaux à l’élite (en 2016). Aujourd’hui vice-champion du monde MXGP 2023, Seewer prouve que la voie alternative peut payer.
“Jeremy a montré que c’était possible. Moi, je veux juste trouver ma place d’abord, puis viser plus haut”, tempère Greutmann. Une humilité qui cache une détermination sans faille.
Calendrier 2026 : les rendez-vous clés
Greutmann débutera sa saison en février-mars avec les premiers GP européens (probablement Grande-Bretagne ou Pays-Bas). Voici les étapes marquantes de son année :
| Épreuve | Date (prévisionnelle) | Enjeu |
|---|---|---|
| GP de Grande-Bretagne | Mars 2026 | Premier contact avec l’élite |
| ADAC MX Masters (R1) | Avril 2026 | Prise de repères en championnat local |
| GP d’Italie (Maggiora) | Mai 2026 | Piste technique, test de vitesse |
| GP de Suisse (Frauenfeld) | Juin 2026 | Course à domicile, pression maximale |
| Motocross des Nations | Septembre 2026 | Objectif : intégrer l’équipe suisse |
Verdict : un pari risqué, mais calculé
Sauter le MX2 pour atterrir en MXGP est un choix audacieux, mais pas irréaliste. Greutmann a les atouts pour réussir : ✔ Un physique adapté aux 450cc. ✔ Une équipe stable (Meuwissen) et un soutien technique solide (Honda). ✔ Une mentalité de travailleur, essentielle pour progresser dans l’ombre avant de briller.
Les risques ? L’adaptation trop longue, une blessure en début de saison, ou un manque de rythme face à des pilotes rodés à l’élite. Mais comme le dit lui-même Greutmann : “Si je ne tente pas maintenant, je ne le ferai jamais.”
À suivre en 2026 : le Suisse a-t-il les épaules pour défier les géants du MXGP ? 🏁🔥
