Rick Elzinga : « Parfois, ce sport peut se montrer cruel… mais c’est aussi ce qui le rend si beau »
En 2026, Rick Elzinga franchira un cap décisif : ses débuts en MXGP sous les couleurs du team MRT Beta. À 23 ans, le Néerlandais, auréolé d’un titre de champion d’Europe 250 (2022) et de trois saisons en tant que pilote officiel Yamaha en MX2, incarne cette génération de jeunes loups contraints de monter en catégorie reine, qu’ils soient prêts ou non. Entre blessures à répétition, doutes et reconstruction, son parcours résume à lui seul la cruauté — mais aussi la magie — du motocross.
Rencontre avec un pilote qui, malgré les épreuves, n’a jamais cessé d’y croire.
2025 : une saison en demi-teinte, entre galères et résilience
« Je ne venais pas sur les GP pour me contenter du top 10. » Le constat de Rick Elzinga est sans appel. Après des podiums de manche et de GP en 2024, sa dernière année en MX2 aura été ponctuée de blessures (deux fractures de la clavicule, deux doigts cassés) et de difficultés mécaniques au sein du team Yamaha.
« J’aurais dû me battre pour le top 5, mais ce n’a pas été le cas. Il y a eu des changements internes chez Yamaha qui ont compliqué les choses… » Malgré tout, le Néerlandais assume : « C’était le maximum que je pouvais faire avec ce que j’avais. »
Un bilan en chiffres :
- 57 GP en MX2 (depuis 2023)
- 32 top 10, dont 6 top 5 et 2 podiums
- 2025 : une saison marquée par 4 blessures majeures et des résultats en deçà de ses attentes
« Quand tu roules à la limite, les chutes — et les blessures — font partie du jeu. Moi, dès que je tombe, je me blesse. C’est comme ça. » Une fatalité qui, combinée à des problèmes de moto (moteur moins performant, départs compliqués), a transformé 2025 en année de survie plutôt que de performance.
« En fin de saison, je retrouvais enfin un bon feeling… mais c’était trop tard. » La frustration d’un pilote qui sait ce qu’il vaut, mais que le destin a malmené.
De l’arrêt presque total au rêve Yamaha : le parcours improbable d’un battant
En 2021, Rick Elzinga était à deux doigts d’abandonner. Sans contrat, sans perspectives, il enchaînait les courses en championnat néerlandais sur une moto prêtée. « Personne ne me proposait quoi que ce soit pour gagner ma vie. J’ai failli tout arrêter. »
Puis, un article change tout. Une opportunité aux États-Unis (son rêve d’enfance), un retour de Yamaha, et surtout… le titre européen 250 en 2022, remporté malgré le virus d’Epstein-Barr qui le vidait de ses forces.
« Cette saison-là, j’étais à bout physiquement. Mais j’ai tenu. C’est peut-être celle dont je suis le plus fier. »
2023-2024 : deux années en MX2 Factory Yamaha, avec des hauts (podiums, top 5 réguliers) et des bas (blessures, doutes). « Les deux premières années étaient géniales. 2025 a été l’année où tout a déraillé. »
« Parfois, ce sport est cruel. Mais c’est aussi ce qui le rend si beau. » Une philosophie qui résume son état d’esprit.
Yamaha → Beta : pourquoi ce choix ?
Avec peu de places disponibles en MXGP pour 2026, Elzinga a dû jouer finement. « Les usines avaient déjà leurs pilotes. Beta m’a contacté en cherchant un jeune pour un projet long terme. »
Pourquoi la Beta 450 ? ✅ Un cadre acier (vs. aluminium chez Yamaha) : « J’aime le retour d’info, savoir ce que fait la moto. » ✅ Un moteur plus “KTM-like” : « Moins agressive que la Yamaha en bas régime, plus progressive. » ✅ Une équipe motivée : « Ils veulent construire quelque chose sur la durée. »
« J’ai testé la moto cette année, et j’ai été surpris. Elle est polyvalente, facile à piloter, et il y a une grosse marge de réglages. »
Prochaine étape ? L’adaptation. « Je roule pour l’instant sur les réglages de Ben Watson… mais ce n’est pas mon style. On va tout affiner cet hiver. »
2026 : l’année de tous les défis
1. Le passage en 450 : un soulagement ?
« Je suis grand, mon style correspond mieux à la 450. Sur la 250, je devais trop forcer. » Un changement de cylindrée qui pourrait libérer son pilotage.
2. La préparation hivernale : enfin sans blessure ?
« Les trois derniers hivers, j’étais blessé. Là, je veux rester en un seul morceau et faire un max de testing. » Objectif : 100% physique et 100% prêt pour le premier GP.
3. Travailler avec Alessio Chiodi : un atout mental
« Il a un feeling incroyable sur la moto. Ça m’aide aussi mentalement. » Un duo qui a déjà fait ses preuves en 2025.
4. L’Italie vs. les Pays-Bas : une nouvelle vie ?
« Je serai en Italie cet hiver (chez Chiodi), puis aux Pays-Bas pendant la saison. Beta a une base à Lommel, c’est parfait. »
Le mot de la fin : « Je ne regrette rien »
« Si je devais tout refaire, je le referais. Même les galères. »
Rick Elzinga incarne ce motocross sans filtre : des rêves brisés, des renaissances, des sacrifices. « Ce sport est dur, mais c’est ça qui le rend unique. »
En 2026, il aura une nouvelle moto, une nouvelle catégorie, et une nouvelle chance de prouver qu’il mérite sa place parmi l’élite.
« Je ne suis pas là pour faire de la figuration. Je veux me battre. » Et ça, personne ne peut lui reprocher.
📸 Crédits :
- Testing Beta : @MXGrietje
- Statistiques : @DailyMX
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