Coaching x Valentin Teillet #1 – Les fondamentaux de la préparation hivernale

Par un champion qui a tout vécu, du paddock des GP à l’accompagnement des futurs talents.

22 octobre 2025 – Multiple champion de France, titré en Europe MX2 et SX2, et ancien pilote des Grands Prix, Valentin Teillet n’a plus à prouver son pedigree. Mais depuis qu’il a raccroché les bottes, c’est derrière le guidon d’un autre rôle qu’il brille : celui de coach et mentor. À la tête de 737 Performance (structure qui a propulsé Mathis Valin vers un titre mondial Junior) et de la plateforme MyMotoCoaching, il distille aujourd’hui son expertise pour aider les pilotes – amateurs comme pros – à structurer leur intersaison et aborder 2026 avec les bonnes armes.

Dans cette nouvelle rubrique exclusive pour DailyMotocross, il lève le voile sur les erreurs à éviter, les piliers d’une préparation efficace, et les secrets d’une progression durable. Premier épisode : les fondamentaux d’une intersaison réussie, entre coupure stratégique, travail physique ciblé, et approche mentale.


🏁 Étape 1 : La coupure, ce mal nécessaire (et trop souvent négligé)

“Trois semaines sans moto. Pas une de moins.” Le ton est donné. Pour Teillet, cette phase de désengagement total n’est pas négociable – et pourtant, elle reste la plus difficile à faire accepter aux pilotes, surtout aux plus jeunes.

“Une saison de compétition, c’est long. Le corps et l’esprit accumulent une fatigue invisible : microfractures, blessures de fatigue, neuro-réflexes émoussés… J’ai déjà découvert une fracture du radius sur une radio alors que je n’avais même pas chuté. Le corps, à force, craque en silence.”

Pourquoi cette résistance ?

  • La peur de régresser : “Les pilotes ont l’impression de perdre leur niveau. C’est une illusion. La coupure permet au contraire de repartir avec une motivation décuplée.”
  • L’adrénaline : “On est des passionnés, des accros à la moto. Mais sans pause, on finit par tourner en rond, physiquement et mentalement.”

Son conseil : ✅ Déconnecter complètement (pas de moto, pas de vélo intensif, pas de pression). ✅ Profiter de cette période pour soigner les blessures (kiné, ostéo, repos articulaire). ✅ Retrouver l’envie : “Quand tu remets les bottes après trois semaines, tu as faim de moto. Ça change tout.”


💪 Étape 2 : La reprise, ou l’art de se “faire mal” (pour mieux performer)

“Le motocross est l’un des sports les plus difficiles au monde. Si tu veux progresser, il faut accepter la souffrance – mais une souffrance intelligente.”

Teillet insiste : les 3-4 premières semaines post-pause sont décisives. C’est le moment de construire les bases physiques et mentales qui feront la différence en saison.

Son programme type :

  • Manches longues à l’entraînement (simuler la fatigue de course).
  • Sorties vélo/footing en endurance (3-4h pour habituer le corps à l’effort prolongé).
  • Exercices de dépassement : “Il faut sortir de sa zone de confort. Si tu rentres chez toi en te disant ‘Putain, je l’ai fait’, c’est gagné.”

Le mental, ce muscle invisible : “On me dit souvent : ‘Mon fils n’a pas de mental.’ Le mental, ça se travaille. J’ai coaché des pilotes qui partaient de zéro en force mentale et qui ont fini par dominer leurs adversaires psychologiquement. Comment ? En accumulant des petites victoires sur eux-mêmes : tenir une manche complète, enchaîner 50 passages propres, etc.”

⚠️ Erreur fatale : Confondre mental et témérité. “Aller trop vite sans technique, c’est du suicide. La vraie force mentale, c’est de savoir ralentir pour mieux accélérer après.”


📅 Étape 3 : La chronologie, ou l’importance d’un plan de bataille

“Un pilote sans programme, c’est comme un coureur de marathon qui part sans entraînement : il va droit dans le mur.”

Teillet fustige l’improvisation qui règne encore dans les paddocks amateurs : “Je demande à un pilote : ‘Qu’est-ce que tu fais aujourd’hui ?’ – ‘Bah, je vais faire quelques tours, voir comment je me sens…’ Ça, c’est la recette pour stagner.

Sa méthode en 5 piliers (à travailler dans l’ordre) :

  1. Technique : “Sans bases solides, tu ne pourras jamais aller vite durablement.”
    • Exemple : “90% des pilotes ne savent pas piloter debout. Ils lutent contre la moto au lieu de la contrôler.”
  2. Physique : “Tout le monde peut avoir le physique. C’est une question de volonté, pas de talent.”
  3. Mental : “La confiance vient quand technique + physique sont maîtrisés.”
  4. Tactique : “Analyser les trajectoires, les départs, les stratégies de course.”
  5. Mécanique : “Une moto bien réglée, c’est 20% de performance en plus.”

🔧 Son astuce coaching : “En stage, je ne fais pas faire des passages pour faire des passages. On se fixe un objectif : 5 tours propres d’affilée. Si le pilote se loupe au 4ème, on recommence à zéro. Mathis Valin a déjà enchaîné 50 passages comme ça. Ça forge le caractère.”


⚡ Étape 4 : Le physique, cette marge de progression sous-estimée

“Aujourd’hui, la plus grosse erreur des pilotes, c’est de négliger le physique.”

Teillet est catégorique : “On me dit : ‘La technique, c’est trop dur.’ OK, je comprends. Mais personne ne peut me dire que c’est dur de faire du vélo ou du footing.”

Les pièges à éviter :

  • Travailler les avant-bras : “Un pilote sur trois finit opéré des loges à cause de coachs qui font bosser les biceps. En motocross, les bras travaillent déjà assez ! Il faut renforcer le dos, les abdos, les jambes.”
  • Déléguer son entraînement à un coach non-spécialisé : “Un bon coach de foot ne sait pas préparer un pilote de MX. Notre sport a ses spécificités : explosions, endurance, gestion des chocs…”

Son programme minimal :

  • Vélo (3-4h/semaine en endurance).
  • Footing (fractionné pour le cardio).
  • Renforcement musculaire (dos, gainage, jambes).
  • Manches chronométrées (pour simuler la pression).

“Un pilote qui n’a pas le physique qu’il faut n’a aucune excuse. C’est le domaine où tout le monde peut progresser, peu importe le niveau.”


🎯 Étape 5 : La technique avant la vitesse (ou comment éviter les blessures)

“Aller vite, c’est facile. Rester rapide sans se blesser, c’est là que ça se corse.”

Teillet a vu trop de pilotes briser leur saison en voulant en faire trop, trop tôt : “Je vois des gars à l’entraînement qui me font peur. Ils vont à fond, mais leur technique ne suit pas. Résultat : chute, blessure, deux mois d’arrêt.”

Sa philosophie :

  1. Maîtriser les bases (position debout, contrôle de la moto, trajectoires).
  2. *Ajouter de la vitesse progressivement.
  3. Ne jamais sacrifier la propreté du geste pour un chrono.

Exemple concret : “Un pilote me disait que sa moto était trop puissante pour lui. En réalité, il était assis au milieu de la selle, épaules en arrière. On a corrigé sa position, et en une journée, tout a changé. Parfois, un détail fait la différence.”


💬 Le mot de la fin : “Trouvez votre juste milieu”

“Le motocross, c’est un sport de passionnés. Mais la passion sans structuration, ça mène à la frustration.”

Teillet le sait : il n’y a pas de recette magique. Chaque pilote doit trouver son équilibre entre plaisir, performance et rigueur. Mais une chose est sûre : “Si tu veux progresser, il faut accepter de se remettre en question. J’ai coaché des pilotes qui ont fait des bonds en avant en quelques semaines… parce qu’ils ont écouté, appliqué, et osé se dépasser.”

Prochain épisode : “Comment structurer son entraînement technique (sans se lasser) ?”


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📌 À retenir

  • 3 semaines de coupure = obligation, pas option.
  • Physique > Technique > Mental : l’ordre compte.
  • Un coach non-spécialisé MX = risque de blessure.
  • La vitesse vient après la maîtrise technique.
  • Les manches à l’entraînement = le secret des pros.

“Le motocross, c’est comme un puzzle. Si tu places les pièces dans le bon ordre, l’image finale sera belle.”Valentin Teillet